De nombreux débats ont lieu actuellement en France autour des problématiques liées au système carcéral actuel. Prisons surpeuplées, omnisurveillance, récidives pour perspective : les détenus en fin de peine ou ayant commis des infractions mineures, n’ont souvent pas les moyens de se préparer à leur réinsertion dans le monde libre. “Au fond de l’inconscient collectif, il y a cette notion que les détenus doivent payer par la souffrance”, estime Robert Badinter, qui, lorsqu'il était garde des Sceaux, avait échoué à mettre en place un système de prisons ouvertes. L’état des lieux du système carcéral français est, il est vrai, accablant, et les dispositifs de réinsertion et de libération anticipée ne parviennent pas à limiter la récidive.

 

Or, lors de ces 10 dernières années s’est répandu en Europe un modèle pénitencier ouvert, notamment dans les pays scandinaves comme la Suède. En France, seule une prison n’est pas basée sur le système pénal classique c'est-à-dire les prisons fermées, et elle se situe en Corse : c’est la prison de Casabianda.

 

La notion de prison ouverte a été définie en août 1950 à La Haye lors du Congrès Pénal et Pénitentiaire International : une prison ouverte est un établissement pénitentiaire dans lequel les mesures préventives ne résident pas dans des obstacles matériels tels que murs, serrures, barreaux ou gardes supplémentaires. Le modèle de la prison ouverte a été expérimenté la première fois en Espagne dans la première moitié du 19ème siècle, puis un Anglais l’a expérimentée à Norfolk Island sur une île située entre la Nouvelle Zélande et la Nouvelle Calédonie. C’est un modèle ancien qui a fait ses preuves depuis longtemps et qui présente un certain nombre d'avantages au niveau du respect de la dignité humaine, de la réinsertion des détenus et sur les plans économique et financier, et peu d'inconvénients.

 

On peut ainsi se demander dans quelle mesure les prisons ouvertes sont-elles compatibles avec l'actuel système carcéral français. Nous allons tout d’abord analyser la prison ouverte en général, en faisant un zoom sur les modèles européens innovants à travers notamment l'exemple suédois, tout comme sur les autres pays européens qui utilisent le modèle ouvert. Puis nous examinerons le système carcéral français à travers la seule prison ouverte française qui est celle de Casabianda. Enfin nous étudierons les avantages et les inconvénients de ce type de prison et verrons si c'est compatible avec le système carcéral français actuel.