top of page

LA PRISON DE CASABIANDA 

Depuis 1771 en France, l’emprisonnement est privilégié en guise de punition des crimes et délits. Le système carcéral français repose essentiellement sur l’absence de liberté.

Il existe deux types d’établissements pénitentiaires : les établissements pour peines et les maisons d’arrêt. Jusqu'à ce jour, la société française souhaite réellement que les détenus “paient” pour leurs crimes en étant enfermés. C’est pourquoi le modèle des prisons ouvertes est si peu connu et pratiqué en France, celui-ci favorisant la réinsertion des détenus par de nouvelles méthodes. Une seule prison de ce genre existe de fait en France, il s’agit de Casabianda en Corse.

Casabianda est la première et unique prison ouverte en France. Elle a été créée en 1862 à Aléria, près de Bastia en Corse. Cette prison possède une superficie de 1480 ha et un périmètre d'environ 20 km. Ce n’est qu’à partir de 1948 que la prison fut véritablement fonctionnelle, puisqu’elle a fermé en 1885 à cause d’une épidémie de Malaria.

Qu'est ce que Casabianda ?
Les critères de sélection des détenus :

Tous les criminels ne sont pas acceptés dans cet environnement “ouvert” non conventionnel pour la France. Pour tous ceux qui souhaitent être transférés dans cette prison moderne, la sélection est exercée par le centre national d’orientation dépendant du ministère de la Justice. Les critères sont les suivants : des personnes avec un tempérament calme, qui souhaitent réellement se réintégrer dans la société et qui n’ont jamais commis de délits comme le vol ou le trafic, cela pour justement éviter tout risque de collusion avec le monde extérieur. Les détenus répondant à ces critères sont majoritairement des délinquants sexuels (pour 81% d'ente eux) ayant commis des crimes intra-familiaux. Cette prison sans barreaux accueille aujourd’hui 194 individus dont 188 hommes avec des peines supérieures à 10 ans. Le plus souvent, les détenus arrivant à Casabianda en sont déjà à la moitié de leur peine.

Quelques failles
Une prison sans barreaux :

Ce centre de détention peut étonner car sa conception diffère fortement d’un pénitencier classique. Tout d’abord, il n’existe aucune barrière, ni de fils barbelés pour délimiter le terrain. Seuls des panneaux indiquent ses frontières. Cette prison est implantée dans un site particulièrement agréable pour des détenus ; des champs, une forêt et  une plage créent un cadre qui favorise le bien-être de ses occupants. Il existe bien un mirador, mais celui-ci est géré par deux détenus qui doivent donner l’alerte en cas d’incident ou de sinistre. Ainsi, la politique de ce centre est de responsabiliser les détenus tout en leur faisant confiance. Les détenus se fixent eux mêmes leurs limites puisque les barreaux sont dans leur têtes.

Existe-t-il plus de liberté ?

L’atmosphère de cette prison contraste avec les autres prisons françaises car, dans celle-ci, les détenus sont libres de leurs mouvements (dans le respect des règles de vie et du périmètre de la prison, bien entendu). La clé de leur cellule leur est même confiée.
Par ailleurs, considérant leur choix de venir à Casabianda, la plupart des prisonniers sont souvent éloignés de leur famille. Aussi, chaque trimestre, neuf jours consécutifs sont mis à disposition du détenu et de sa famille. Il existe également les parloirs qui sont utilisables en semaine entre 17h et 19 heures et le week-end entre 9h et 19h. Mais les détenus en ont peu l’utilité à cause de l’éloignement de leurs proches. Cependant, quand la famille ou le conjoint visite le détenu, une salle est mise à leur disposition pour toutes sortes de contacts physiques (“parloirs sexuels”).

De nombreuses activités mises en place : 

Le centre propose un grand nombre d’activités pour entretenir le moral des détenus, comme par exemple des activités nautiques (planche à voile, natation, ...) ainsi que d’autres activités extérieures telles que le golf, le tennis. L’idée est qu’un détenu qui se sent bien n’a pas envie de s’évader. Cette offre d’activités diversifiées permet aussi aux détenus de s’instruire puisqu’ils ont à leur disposition des bibliothèques, des salles informatiques et des salles de formation.​

Le travail :

En dehors des moments de loisirs, Casabianda incite ses occupants à travailler pour baisser le coût de leur présence et également pour préparer leur future réinsertion. La prison propose différents travaux tels que l’agriculture dans des champs avoisinants, l’élevage d’animaux, le travail dans la restauration ou le fait de contribuer au bon fonctionnement de la prison. Leur salaire varie de 9 à 25 euros par jour et plus ; s’ils ont bien accompli leur travail, ils reçoivent une prime de fin d’année. La plupart des détenus saisissent l’opportunité de travailler, ceux qui ne le font pas sont à la retraite ou ne souhaitent pas travailler.​ L’administration générale emploie en moyenne 50 détenus. Le centre leur propose également des formations. Le centre s’implique ainsi dans l’amélioration de la vie des détenus, puisqu’il leur offre l’opportunité de construire leur avenir.

Quelques détenus sont autorisés à travailler dans le monde extérieur mais cette possibilité est peu encouragée car certains employeurs auraient tendance à abuser du travail des détenus, selon les responsables de la prison. Ces emplois sont interdits à certains détenus, puisqu’ils sont exercés près de familles et donc d’enfants. Ainsi, les pédophiles sont interdits d'accéder aux lieux où l’on exerce ce type d'emplois.

Grâce à son activité, Casabianda est devenue un marché pour les personnes vivant aux alentours de la prison, où elles achètent bétail, bois, et autres productions. De plus, l’économie de la région fait parfois appel à la main d’oeuvre que constituent les détenus.

Les règles à respecter :

Les détenus doivent respecter les règles de savoir-vivre, le règlement intérieur et bien évidemment respecter les limites du territoire de la prison. Souvent les détenus s’autocontrôlent facilement car les conditions de vie dans lesquelles ils purgent leur peine sont bien meilleures que dans une autre prison. Si jamais un détenu ne respecte pas ces règles, il est réprimandé et est avertit qu’il peut être transféré dans la prison locale de Borgo qui est un centre pénitencier classique.

Prison ouverte, une méthode qui fait ses preuves :

La politique de la prison est de responsabiliser le plus possible les détenus pour faciliter leur retour dans la vie active et au sein de la société, après leur peine purgée. La réinsertion est le véritable enjeu et pour la rendre envisageable, le centre met en place un grand nombre d’activités pour permettre au détenu de se cultiver, pour lui apprendre l’effort, et aussi lui offrir du temps de qualité pour lui-même. Grâce à un emploi, les détenus peuvent en effet faire des économies pour leur vie après leur emprisonnement.

L’ambiance de cette prison révèle que leurs méthodes fonctionnent puisque le taux de suicide, indicateur souvent utilisé pour comparer les prisons entre elles, est très faible voire inexistant. De plus, le taux de récidivistes après Casabianda est lui aussi extrêmement bas. Enfin, la prison ne compte aucune évasion, cela s’expliquant par le fait que chacun y a son domicile, son travail, et trouve en fait une vie complète dans cette prison ouverte.

Les limites de cette prison :

Compte tenu de la qualité de vie de ce centre, beaucoup de demandes sont enregistrées pour y entrer ou y être transféré. Or cette prison ne peut accueillir plus de 200 détenus, ce qui rend la sélection des entrées encore plus difficile.
Cependant, comme ce sont les pédophiles qui répondent le plus aux critères d’admission, ils y sont le plus nombreux. Aussi on comprend mal dans le monde pénitentiaire pourquoi de si grands criminels ont une telle opportunité. Il est vivement critiqué par les citoyens français que les auteurs de crimes pédophiles ne soient pas réellement enfermés pour leur dangerosité.

 Photo du pénitencier Corse Casabianda.                                                                       Photo d'un détenu durant son déjeuner

© 2016 Crée par Sensey Noé - Poinsenet Esther - Weingarten Gauthier

bottom of page